
Stanislas Leszczynski
Les travaux reprennent de l’ampleur pendant le séjour du roi de Pologne, Stanislas Leszczynski, à Chambord (1725-1733). Ce dernier alerte les services des Bâtiments du roi des nuisances causées par la présence persistante des marais aux abords du château (en particulier les épidémies de paludisme qui se répandent dans sa suite pendant la belle saison). Le contrôleur des Bâtiments du roi affecté à Chambord, La Hitte, coordonne à partir de 1730 la poursuite des ouvrages commencés sous le règne de Louis XIV : aménagement de ponts (dont celui qui permet de rejoindre le parterre depuis le château), de digues, élévation des murs de la terrasse artificielle, nouvel apport de terres sur cette terrasse pour atteindre la hauteur des murs, curement et élargissement du Cosson pour former un canal.
Un jardin « à la française » est ensuite planté sur une surface de 6,5 hectares, selon un dessin achevé en 1734.
Une entreprise de jardiniers est nommée pour poursuivre les plantations et l’entretenir : l’entreprise Pattard, anciennement employée aux terrassements du parterre.
« […] le jardin fut ensuite planté et le château, auparavant assis dans un marais, en receut un grand lustre ».
Extrait de l’Etat général des fonds demandés pour l’entretien du château de Chambord en 1742.
Manuscrit conservé aux Archives nationales, O1 1325, pièce n°166, fol. 3r.

Maurice de Saxe
A partir de 1745, Le château et son domaine sont mis à la disposition du maréchal de France, Maurice de Saxe, par le roi Louis XV. Celui-ci visite ponctuellement Chambord entre 1746 et 1748 puis y séjourne durablement jusqu’à son décès [au château] en 1750.
Jusqu’au XVIIIe siècle, une maladie se répand à Chambord parmi les cours en séjour.
Il s’agit du paludisme, aussi appelé « malaria » ou encore (localement) « fièvres de Sologne ».
En cause : la persistance des marais aux abords du château qui attirent les moustiques, vecteurs du mal.
En 1749, Maurice de Saxe, en résidence permanente à Chambord avec ses troupes, porte une plainte sévère auprès du service des Bâtiments du roi à ce sujet : « Chambord est un hôpital, Monsieur. J’ai plus de 300 malades, beaucoup de morts et le reste a des visages de déterrés […]. L’endroit est aussi malsain que le lac de Mantoue. Il est nécessaire, Monsieur que vous preniez des mesures là-dessus » (Lettre du 15 octobre 1749. Archives nationales, O1 1326, pièce n°92).
Le Maréchal demande l’achèvement des travaux aux abords du château, notamment le curement et la canalisation du Cosson jusqu’à la Canardière.
Les travaux achevés, le paludisme s’évanouit enfin.
L’enrichissement du jardin se poursuit pendant cette période grâce à de nouvelles plantations de buis, marronniers ou encore charmilles, mais aussi par l’installation de plantes et d’arbres en caisse le long des allées du jardin (250 pieds d’ananas, 121 orangers, 1 citronnier et 1 limonier sont mentionnés dans un inventaire de 1751).
Une partie du parterre est redessiné quelques années plus tard, alors que le domaine est mis à la disposition des Haras du royaume. Les deux plates-bandes de gazon à l’Est sont divisées dans la longueur pour former quatre carrés, tandis qu’un puits vient marquer le centre de la composition.