Chambord, défenseur du patrimoine français, local et rural, perpétue cette tradition d’élevage.
Dès sa conception, il y a 500 ans, Chambord a été pensé comme un tout : un palais fut construit au sein d’un
immense espace naturel travaillé par l’homme durant des siècles. Jusqu’en 1914, une dizaine de fermes étaient
d’ailleurs en activité dans le Domaine.
Le passage en agriculture biologique se poursuit en intégrant les principes de l’agriculture de conservation,
avec la mise en place d’un troupeau de brebis solognotes en éco-pâturage. Une convention a été signée avec
l’association GEODE, en charge de la conservation de cette espèce, présente depuis le Moyen-Age sur le
territoire français. Au XIXe il y avait 350 000 brebis solognotes. L’espèce, proche de l’extinction en 1970 avec
seulement 300 brebis, est encore menacée aujourd’hui.
En 2022, le troupeau de brebis solognotes du Domaine national de Chambord compte 75 brebis et 70 agneaux.
La brebis de Sologne est considérée comme une des races actuelles la plus proche des anciens types de moutons français. Au XVème siècle, son élevage était très important dans la région. La renaissance et l’installation de la Cour en Val de Loire favorisa la prospérité du commerce des laines et de l’élevage ovin. Les guerres de religion sonnèrent le glas de cette prospérité, mais l’élevage ovin, plus facile à pratiquer et plus rentable que la céréaliculture, resta l’activité principale de la Sologne. Vers 1850, l’effectif ovin de la Sologne est estimé à 300 000 têtes et représente quasiment l’unique ressource de revenu des paysans solognots. Seule la race solognote pouvait résister aux conditions sévères du milieu (humidité, végétation très pauvre) où les troupeaux pâturaient dans les bruyères. Les draperies de Romorantin, fournisseurs de l’Armée, assuraient un débouché important pour les laines. Les agneaux étaient vendus pour être engraissés dans le Val de Loire, la Beauce ou le Gâtinais.
L’exode rural consécutif à la première guerre mondiale, devait provoquer la quasi-disparition des moutons en Sologne. Dans les années 1950, le troupeau est estimé à quelques centaines de têtes. En 1968, la race est mise en réserve génétique. Son schéma de sauvegarde débute en 1976, et lui permet de bénéficier de mesures de protections des races menacées. Grace à l’installation de nombreux éleveurs qui travaillent en circuit court pour la filière viande, les effectifs sont aujourd’hui de 5000 têtes. Leur suivi génétique est assuré par l’organisme national de gestion génétique GEODE.
Aptitudes de la race
La solognote est une race très rustique, tant par sa tolérance aux maladies que par sa capacité de tirer parti d’une végétation pauvre et ligneuse. Les agneaux sont totalement roux et les adultes ont le corps bise (blanc), la tête et les pattes rousses. Elle est bien adaptée aux sols pauvres et humides qui caractérisent la région, ne craignant pas de marcher dans l’eau alors que d’autres brebis présenteraient rapidement des signes de maladies et d’apparition de nombreux parasites.
D’un tempérament vif et curieux, elle est plus proche du caractère de la chèvre que les autres moutons.
De tout temps, la qualité gustative de sa viande a été vantée, dont le goût très fin est plus proche du chevreuil que du mouton. Les éleveurs de solognotes développent une marque « agneau de race solognote » qui permet aux acteurs de la filière viande l’identification et la promotion de cette production de qualité. L’utilisation de sa laine, reprise par quelques éleveurs pour divers confections ou de pelotes, reste confidentielle, au profit de la laine d’autres races améliorées par des croisements avec de la race Mérinos.
Pour cette première année, Chambord accueille 50 brebis solognotes et souhaite progressivement développer le troupeau pour en accueillir 200.
Suivant l’objectif de redonner au domaine sa vocation agricole, 50 agnelles (âgé de six mois) et un bélier sont arrivés il y a quelques jours et forment le troupeau de base pour arriver à un objectif de 200 brebis en 2026, divisées en quatre troupeaux, conduits en élevage biologique.
Ainsi, plusieurs enjeux apparaissent afin de valoriser ces animaux au sein du domaine :
Les agnelles rentrent dans un système de pâturage tournant entre les prairies de l’Ormetrou, des grenouillères et les prairies situées au cœur du domaine.