Écrivains à Chambord : cycle de lectures 2024

Cette année, le cycle de lecture des "Écrivains à Chambord", initié en 2011, se poursuit avec 5 rencontres programmées le dimanche après-midi entre avril et novembre :
*14 avril : Léna Ghar
*5 mai : Katrina Kalda
*1er septembre
*6 octobre : conférence de Marc-André Selosse
*3 novembre : Mathias Enard

Dimanche 5 mai

Lecture de Katrina Kalda

Pour la deuxième rencontre littéraire de cette année, nous accueillerons la romancière Katrina Kalda qui viendra lire des extraits de La mélancolie du monde sauvage publié aux éditions Gallimard (2021).

Ce quatrième roman raconte la vie de Sabrina, artiste exilée dans la montagne. Son enfance est étriquée, elle a l’étroitesse de l’appartement modeste qu’elle partage avec sa mère. La vie de Sabrina bascule lors d’une visite scolaire au musée Rodin. Face aux sculptures, elle est submergée par la beauté des corps qu’elle semble voir s’animer. Le choc est profond, il est avant tout physique car l’adolescente n’a pas encore les mots pour l’exprimer. Il déclenche une frénésie d’apprendre, de créer et surtout une vocation. Étudiante aux Beaux-Arts, puis artiste, Sabrina échappe à son milieu et trouvera en l’art, tout au long de sa vie, une force émancipatrice et consolatrice. Mais le geste artistique est aussi source de questionnement existentiel. L’art aide-t-il à vivre ? Que peut-il à l’annonce d’une catastrophe ou en temps de crise ? La beauté suffit-elle ? Peut-elle rivaliser avec les injustices, la brutalité du monde ? La narratrice ne cessera de douter, d’osciller entre élans, découvertes et découragement.

À travers Sabrina, sa conscience du monde et sa quête intime, ce sont nos fragilités, nos peurs, nos contradictions, nos solitudes que questionne Katrina Kalda. L’autrice, avec grâce et humilité, nous rappelle à quel point l’art et la beauté sont vitaux et doivent être accessibles à tous. La contemplation est une liberté, l’émerveillement une nécessité pour nous sentir vivant et trouver notre place dans le monde.

Joël Grare, compositeur et percussionniste, et Katrina Kalda offriront une lecture musicale, créée ensemble, d’extraits de La mélancolie du monde sauvage (percussions et sanza). La lecture sera suivie d’un temps d’échanges et se clôturera par une séance de dédicaces.

Informations pratiques :

• Dimanche 5 mai à 15h
• Gratuit sur réservation à culture@chambord.org
• Dédicace à l’issue de la lecture
• En partenariat avec Lire et Écrire

 

 

Dimanche 14 avril

Pour la première rencontre, nous avons accueilli la jeune romancière Léna Ghar. Une voix nouvelle et singulière comme la promesse de belles rencontres à venir…

Avec Tumeur ou Tutu (publié aux éditions Verticales en août 2023), Léna Ghar signe un premier roman puissant. La narratrice, de ses trois ans à l’âge adulte, est rongée par une créature, « une monstre » qui vit dans sa tête et que personne d’autre ne voit. Nommer le mal qui la tourmente est l’obsession de sa vie, pour tenter d’être « incluse dans l’humanité ». L’enfant habite dans une « praison » avec sa mère Novatchok, maltraitante, son père Swayze, qui reste silencieux, et ses frères. Elle scrute son quotidien dévastateur avec une sincérité brute et rageuse. La vie intrafamiliale est violente et dépose sur le langage en construction des marques comme des plaies à vif. Les mots se percutent, s’assemblent pour en créer de nouveaux, se confondent avec les mots des autres, s’enfouissent, blessent.

À l’adolescence, la narratrice convoque le langage mathématique car il a l’avantage d’apporter une réponse unique à ses problèmes. Quelle prise sur le monde et comment vivre quand on n’a pas les mots, quand on n’a personne à qui parler, quand l’indicible anéantit, brûle de l’intérieur ? « J’ai du magma sur la langue, des volcans partout à l’intérieur des joues. » Le corps est l’expression du mal-être profond.

L’autrice travaille les stigmates de la langue : les hurlements, le silence, l’humiliation, l’empêchement, l’insuffisance des mots courants. Tumeur ou tutu est le roman d’une réinvention, d’une langue qui surgit, s’élargit. L’écriture de Léna Ghar offre une expérience originale. Le roman est un monologue chapitré très court, haletant dont l’autrice lira quelques passages.

La rencontre était animée par Audrey Gaillard, libraire et elle-même écrivaine, nouvellement chargée de la programmation de ces rencontres littéraires. La lecture était ponctuée de temps d’échanges avant de se clôturer par une séance de dédicaces.

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