Lancé en 2021 et achevé en juin 2023, le chantier des six lanternons du château, placé sous la direction de François Chatillon, architecte en chef des monuments historiques depuis 2004, a été mené en une seule opération. Hormis quelques interventions ponctuelles de réparation, aucune intervention de restauration n’avait été menée sur les lanternons depuis plus de 50 ans.
Consolider et protéger les charpentes
L’urgence était de protéger les charpentes qui risquaient d’être attaquées par des infiltrations et des problèmes de stabilité. Les échafaudages ont permis dans un premier temps de déposer les couvertures d’ardoises et de plomb des lanternons et de constater leur état sanitaire. En effet, trois des six charpentes des lanternons présentaient notamment un problème de maintien structurel et de nombreux défauts d’étanchéité. L’intervention a porté sur la réparation de désordres sanitaires, notamment la reprise des charpentes, les défauts d’assemblage, le redressement, la consolidation de pièces maîtresses et de contreventements inhérents à leur structure, le remplacement des pièces de bois trop abimées mais aussi la reprise de l’étanchéité des couvertures en plomb et en ardoise.
Retrouver l’unité du décor, le projet de restitution
L’analyse de l’évolution des toitures montrait plusieurs états décoratifs successifs constitués d’épis de faîtage imposants et d’ornements à la base du dôme, dans une unité stylistique avec les décors de pierre de la tour-lanterne et ceux des cantons. L’état avant les travaux, relativement nu par rapport aux parties hautes en dentelle de pierre foisonnante, nuisait à la perception d’unité du décor. Cet état résulte d’un choix esthétique « minimaliste » privilégié en 1950 lors de la reconstruction des toitures du canton Henri V. Détruites en 1945 lors d’un incendie, elles avaient été rebâties dans le style très sobre de la première moitié du XIXe siècle. À la suite, les lanternons François I er et Caroline de Berry ont été restaurés sur le même modèle, en supprimant les ornements mis en place à la fin du XIXe siècle, entraînant un certain contraste avec le décor en pierre. La commission nationale de l’architecture et du patrimoine, sur le rapport du ministère de la Culture, a entériné la restitution des décors de plomb – fleurs de lys, salamandres et candélabres – et la dorure des girouettes dans leur dernier état connu, celui de la deuxième moitié du XIX e siècle.
Chiffres clés
– 6 lanternons restaurés (les quatre du donjon en plomb et deux en ardoise)
– 12 mètres de hauteur avec la girouette (10,3 mètres sans)
– 15 tonnes (poids d’un lanternon)
– 80 tonnes d’échafaudages sur 54 mètres de hauteur
– 30 personnes ont travaillé sur le chantier
– Près de quatre millions d’euros ont été nécessaires à cette restauration