L’évolution de la pratique cynégétique
Lieu d’innovation depuis sa conception, Chambord a pour ambition de conserver son statut de conservatoire de l’art de la chasse à la française (grand gibier à Chambord, petit gibier à Rambouillet) mais également d’être un laboratoire vivant et innovant des pratiques cynégétiques. Cette démarche s’accompagne d’une volonté de transmission et de sensibilisation aux enjeux de préservation des milieux naturels forestiers et de la faune qui les composent. La première action en ce sens a été l’ouverture du comptage des animaux au grand public en avril 2023.
La réserve nationale de chasse et de faune sauvage
Cette réserve fut créée en 1947 pour repeupler la France en grand gibier. Aujourd’hui, Chambord est un lieu de référence pour la connaissance des grands ongulés sauvages grâce à un programme scientifique stratégique déployé depuis plus de dix ans. Chambord est le seul lieu qui, en France, s’étend sur une surface suffisamment vaste pour préserver le comportement naturel des grands animaux et néanmoins ceinte d’un mur de moellon qui les empêche de sortir.
La forêt de Chambord est classée monument historique depuis 1997 et inscrite au réseau Natura 2000 au titre des directives « oiseaux et habitats » depuis 2007. Le Domaine national de Chambord assure au quotidien le maintien du subtil équilibre entre la préservation de la biodiversité, la gestion de la faune et l’entretien de la forêt.
L’expérimentation de la traque-affût, ou poussée silencieuse
Chambord n’a cessé de faire évoluer ses modes de chasse au fil des époques. La nécessaire exemplarité de l’État en termes d’éthique et de sécurité conduit l’établissement à revoir une nouvelle fois ses méthodes en pratiquant bien davantage la traque-affût ou poussée silencieuse. Cette évolution majeure, proposée par le directeur général Pierre Dubreuil dès la saison 2023, va nécessiter des aménagements considérables compte-tenu de l’étendue du territoire chassé. A titre d’exemple, des miradors seront disposés sur l’ensemble du domaine, à raison d’un poste pour dix hectares en moyenne. Cette technique de la « poussée silencieuse » présente les avantages d’un autre mode de prélèvement des animaux, plus respectueux de la vie sauvage et la quiétude de la forêt, et répond à une double-exigence de sécurité et d’efficacité.
Sécurité : tirs plus fichants à moins de 40 mètres depuis des miradors, diminution du nombre de balles tirées, tir sur les animaux arrêtés ou au pas, de profil, dans la zone létale
Efficacité de la chasse : précision des tirs, réduction des blessures, préservation de la venaison, meilleure identification du gibier. Pour permettre des tirs en sécurité, fichant vers le sol, les chasseurs en poste de tir, à l’affût des animaux de passage (les postés) se positionnent en hauteur sur des miradors.
Pour permettre des tirs en sécurité, fichant vers le sol, les chasseurs en poste de tir, à l’affût des animaux de passage (les postés) se positionnent en hauteur sur des miradors.
Le traitement de la venaison
Cette expérimentation en servira une seconde avec la mise en œuvre en 2024 d’un atelier de traitement et de découpe de la venaison. Chambord dispose déjà d’un centre de collecte qui assure la première étape de traitement du gibier. La création d’une capacité de traitement autonome aura pour but de livrer les grossistes en viande fraîche et en viande surgelée par grande découpe. Le nouvel atelier permettra de maîtriser toute la chaîne de production et la traçabilité avec une continuité de traitement, jusqu’à la découpe fine et l’emballage. Cet atelier de venaison s’inscrira dans une dynamique collective nationale de structuration de la filière du gibier en France avec d’autres acteurs du public et du privé. Pour Chambord, il s’agit également de valoriser l’origine et la marque de ces produits issus de son terroir et d’en favoriser la commercialisation. La capacité à distribuer le gibier est essentielle pour assurer la régulation de populations qui sont désormais en surdensité et provoquent des dégâts excessifs.