La gestion du parc

Découvrez les activités actuelles de l’homme à Chambord : la régulation de la population des grands animaux, la sylviculture, l’entretien des paysages, et la valorisation du patrimoine naturel.

À la Renaissance, par la grande ordonnance des eaux et forêts de 1516, François Ier avait imposé un cadre juridique strict pour réglementer la chasse. Seuls le roi et les nobles avaient, en temps de paix, le droit de chasser, car cette activité était liée au droit de port d’armes. Le roi chassait alors à courre. La révolution de 1789 démocratisa ce type de chasse. La création de la réserve nationale de chasse et de faune sauvage en 1947 mit fin à ce mode de chasse à Chambord.

A l’automne 2023, une nouvelle page de l’histoire de Chambord et de Rambouillet va s’écrire avec la rédaction du prochain projet d’établissement. L’innovation et l’excellence écologique structureront la stratégie de développement Chambord 2030 avec une attention particulière portée à la gestion forestière et la préservation de la biodiversité. Les principes d’éthique, d’exemplarité et d’expérimentation s’appliquent aux évolutions de la pratique cynégétique pour une transition résolue vers de nouveaux modes de chasse, d’une part avec l’évolution de la battue de régulation vers la traque-affût et d’autre part avec la mise en œuvre d’un atelier de traitement et de découpe de la venaison.

Éthique, exemplarité et expérimentation au coeur de l’évolution des pratiques cynégétiques

L’évolution de la pratique cynégétique

Lieu d’innovation depuis sa conception, Chambord a pour ambition de conserver son statut de conservatoire de l’art de la chasse à la française (grand gibier à Chambord, petit gibier à Rambouillet) mais également d’être un laboratoire vivant et innovant des pratiques cynégétiques. Cette démarche s’accompagne d’une volonté de transmission et de sensibilisation aux enjeux de préservation des milieux naturels forestiers et de la faune qui les composent. La première action en ce sens a été l’ouverture du comptage des animaux au grand public en avril 2023.

 

La réserve nationale de chasse et de faune sauvage

Cette réserve fut créée en 1947 pour repeupler la France en grand gibier. Aujourd’hui, Chambord est un lieu de référence pour la connaissance des grands ongulés sauvages grâce à un programme scientifique stratégique déployé depuis plus de dix ans. Chambord est le seul lieu qui, en France, s’étend sur une surface suffisamment vaste pour préserver le comportement naturel des grands animaux et néanmoins ceinte d’un mur de moellon qui les empêche de sortir.

La forêt de Chambord est classée monument historique depuis 1997 et inscrite au réseau Natura 2000 au titre des directives « oiseaux et habitats » depuis 2007. Le Domaine national de Chambord assure au quotidien le maintien du subtil équilibre entre la préservation de la biodiversité, la gestion de la faune et l’entretien de la forêt.

 

L’expérimentation de la traque-affût, ou poussée silencieuse

Chambord n’a cessé de faire évoluer ses modes de chasse au fil des époques. La nécessaire exemplarité de l’État en termes d’éthique et de sécurité conduit l’établissement à revoir une nouvelle fois ses méthodes en pratiquant bien davantage la traque-affût ou poussée silencieuse. Cette évolution majeure, proposée par le directeur général Pierre Dubreuil dès la saison 2023, va nécessiter des aménagements considérables compte-tenu de l’étendue du territoire chassé. A titre d’exemple, des miradors seront disposés sur l’ensemble du domaine, à raison d’un poste pour dix hectares en moyenne. Cette technique de la « poussée silencieuse » présente les avantages d’un autre mode de prélèvement des animaux, plus respectueux de la vie sauvage et la quiétude de la forêt, et répond à une double-exigence de sécurité et d’efficacité.

Sécurité : tirs plus fichants à moins de 40 mètres depuis des miradors, diminution du nombre de balles tirées, tir sur les animaux arrêtés ou au pas, de profil, dans la zone létale

Efficacité de la chasse : précision des tirs, réduction des blessures, préservation de la venaison, meilleure identification du gibier. Pour permettre des tirs en sécurité, fichant vers le sol, les chasseurs en poste de tir, à l’affût des animaux de passage (les postés) se positionnent en hauteur sur des miradors.

Pour permettre des tirs en sécurité, fichant vers le sol, les chasseurs en poste de tir, à l’affût des animaux de passage (les postés) se positionnent en hauteur sur des miradors.

 

Le traitement de la venaison

Cette expérimentation en servira une seconde avec la mise en œuvre en 2024 d’un atelier de traitement et de découpe de la venaison. Chambord dispose déjà d’un centre de collecte qui assure la première étape de traitement du gibier. La création d’une capacité de traitement autonome aura pour but de livrer les grossistes en viande fraîche et en viande surgelée par grande découpe. Le nouvel atelier permettra de maîtriser toute la chaîne de production et la traçabilité avec une continuité de traitement, jusqu’à la découpe fine et l’emballage. Cet atelier de venaison s’inscrira dans une dynamique collective nationale de structuration de la filière du gibier en France avec d’autres acteurs du public et du privé. Pour Chambord, il s’agit également de valoriser l’origine et la marque de ces produits issus de son terroir et d’en favoriser la commercialisation. La capacité à distribuer le gibier est essentielle pour assurer la régulation de populations qui sont désormais en surdensité et provoquent des dégâts excessifs.

Chambord et la chasse, un lien indissociable ?

La chasse est indissociablement liée à l’histoire du domaine de Chambord, depuis la création du parc clos érigé en capitainerie royale des chasses par François Ier, jusqu’à la période des chasses présidentielles, initiées en 1965 et qui ont pris fin en 2010.

1519 : début de la construction de Chambord

1542 : création de la capitainerie royale des chasses et début de l’édification du mur d’enceinte du domaine long de 32 kms

1645 : Gaston d’Orléans augmente la superficie du domaine, qui atteint sa surface actuelle de 5 433 hectares, et fait achever la construction de son mur d’enceinte

1947 : le parc est classé « Réserve nationale de chasse et de faune sauvage »

2005 : le Domaine national de Chambord est créé et reçoit notamment pour mission « d’assurer la gestion cynégétique du domaine dans le souci des équilibres sylvo-cynégétiques et de la préservation de la biodiversité ». La régulation de la faune sauvage est un impératif du bon état écologique et de la préservation de la biodiversité exceptionnelle de la forêt de Chambord.

2010-2011 : suppression définitive des chasses présidentielles par le Président Sarkozy. Depuis 2011, aucune subvention n’est plus versée à l’activité cynégétique de Chambord. La chasse est ouverte aux mécènes pour le financement de projets d’intérêt général (restaurations, biodiversité, entretien des milieux, programmes scientifiques…)

2018 : le Domaine national de Chambord a intégré la gestion du Grand Parc de Rambouillet par décret en Conseil d’Etat du 1er juin 2018.

2023-2030 : une nouvelle ère pour la chasse à Chambord, évolution vers la méthode de traque-affût ou poussée silencieuse et structuration collective d’une filière de venaison.

La capture d’animaux vivants

Parallèlement à la chasse, les cerfs sont aussi capturés dans le but de les réintroduire sur d’autres sites. La capture de cerfs vivants dans la forêt de Chambord débuta au XIXe siècle et prit son essor à partir des années 1950. La demande très soutenue d’animaux pour d’autres sites a conduit à capturer depuis 1950 près de 100 cerfs et biches par an. Chambord est aujourd’hui devenu le seul site français, voire européen, spécialisé dans les reprises de cerfs sauvages. Cependant, on enregistre de moins en moins de commandes de cerfs vivants et la chasse est alors le seul moyen de réguler la population de cette espèce, d’autant qu’elle cause des dégâts sur la forêt.

Sylviculture et entretien des paysages au service de la biodiversité

La sylviculture permet d’entretenir et de préserver la forêt, de récolter du bois et d’accueillir au mieux les visiteurs. Elle a aussi pour but le bien-être des animaux. La gestion des zones boisées du parc est actuellement assurée par des agents de l’Office national des forêts (ONF) et de l’Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS) mis à disposition du domaine. Un tiers de la surface forestière du domaine national Chambord est couverte de résineux. Dans ces parcelles, on effectue tous les dix ans en moyenne des coupes d’éclaircies ou une régénération du peuplement, s’il est à maturité. On exploite entre 12 000 et 15 000 m3 de bois par an, ce qui correspond à une recette annuelle de 200 000 à 300 000 euros environ.

Une attention particulière est aussi portée aux autres types d’espaces naturels. Ainsi, tous les ans, une vingtaine de mares intraforestières sont nettoyées, afin d’éviter leur comblement. Dans les landes à bruyère de la partie nord du domaine, un programme de lutte contre l’envahissement par les arbres est mis en œuvre. Ces landes assurent en effet la survie d’espèces floristiques et faunistiques remarquables. Ces différentes actions assurent le maintien d’une diversité de paysages et de milieux naturels dans la forêt de Chambord.

La valorisation de ce patrimoine
Le domaine veille aussi à la préservation du patrimoine culturel et archéologique. De nombreux visiteurs parcourent la forêt sur des sentiers ou des pistes cyclables ce qui implique un entretien régulier de ces infrastructures. En 1969, le domaine national de Chambord a été l’un des premiers sites français à installer des observatoires dans la forêt. On trouve onze observatoires dans la partie du domaine ouverte au public, dont cinq d’une capacité de cinquante personnes, et six d’une capacité de trois à quatre personnes. Ces plates-formes surélevées permettent à l’observateur d’apercevoir – s’il est chanceux – un animal sauvage, sans que celui-ci soit enfermé, comme dans un parc zoologique.
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