#retoursurimage (5) Exposition Alexandre Hollan, L’expérience de voir

du 7 avril au 1er septembre 2013

Peintre méditatif dont l’œuvre se partage entre le motif exclusif de l’arbre et des natures mortes dans le sillage de Morandi, Alexandre Hollan a installé à Chambord, pendant cinq mois, la vision intérieure qui caractérise son travail, en dialogue étroit avec le monument et la forêt qui l’entoure.

Né en Hongrie en 1933, Alexandre Hollan est l’auteur d’une œuvre abondante, considérée aujourd’hui comme l’une des plus marquantes du tournant des XXème et XXIème siècles. Quittant son pays natal lors du soulèvement de 1956, Hollan arrive alors en France où il suit les cours de l’Ecole des Beaux-Arts puis des Arts décoratifs à Paris.

A partir de sa première exposition personnelle en 1978, l’artiste se consacre à un travail sur le motif qui élit deux modèles exclusifs : les arbres et les natures mortes, qu’il préfère nommer « vies silencieuses ». Aujourd’hui, il partage son travail entre ces vies silencieuses, à Paris l’hiver, et les arbres qu’il peint en été depuis son mas de Gignac, dans le Languedoc. Ce partage de l’œuvre recoupe celui entre mouvement (les arbres) et immobilité (les natures mortes), qui est également celui de deux chemins de l’art contemporain : celui de Rothko, dédié à la couleur, et celui de Morandi, dont Hollan a pu dire qu’il était son « père » artistique. Le travail sur le motif, inauguré en France au XIXème siècle par l’Ecole de Barbizon puis par les impressionnistes, revêt néanmoins ici un caractère paradoxal : Hollan s’attache au motif afin d’éviter toute dérive abstraite tout en dépassant son apparence afin de peindre l’énergie intérieure qui en émane. Son travail oscille donc entre visible et invisible, s’efforçant de peindre la sensation de celui qui regarde, opposée à la simple perception des signes extérieurs du monde. En ce sens, l’artiste revendique une recherche personnelle, liée à une réflexion proprement plastique : alternance du trait et de la forme ; travail sur les « réseaux » d’énergie des arbres ou des objets peints ; saisie de la présence vitale des éléments par différentes techniques picturales : lavis, fusains, acrylique, et différents supports : papiers, toiles, bannières.

En retrait d’un monde toujours plus frénétique, détourné des objets usuels et vieillis ou des paysages sans lustre monnayable, l’artiste donne également par son travail une leçon de patience, de tranquillité, de ténacité qui fait lentement surgir, pour le spectateur attentif, un autre ordre de la réalité, plus profond, plus sourd, mais plus intense aussi.

Peu spectaculaire, l’art intime et la recherche opiniâtre de Hollan ont mis longtemps à trouver la place qui leur revient : régulièrement montré dans des galeries (M., Nane Stern,  puis la Galerie Vieille du Temple depuis 1994), son travail a depuis quelques années franchi la porte d’institutions plus importantes, comme le Musée Jenisch (2001), le Musée d’art de Joliette (2006), le Musée Morandi (2011) et, en 2012, le Musée des Beaux-Arts de Budapest et le Musée Fabre de Montpellier.

A Chambord, au second étage du château entouré de 5500 hectares de forêt, l’art d’Alexandre Hollan s’est trouvé comme chez lui. Mais au-delà du rapport évident aux arbres visibles des fenêtres de l’exposition, le travail si singulier de l’artiste a étroitement dialogué avec la qualité de silence, d’intensité sourde et de présence artistique qui constituent la marque essentielle de Chambord. Sur 600 m2, l’exposition a présenté en une centaine d’œuvres récentes les deux pans du travail du peintre ; elle a ainsi constitué la plus grande exposition jamais consacrée à l’artiste en France.

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