#retoursurimage (1) Exposition Djamel Tatah

(du 15 mai au 18 septembre 2011)
10 ans d’art contemporain à Chambord

Le travail de Djamel Tatah, tout de silence, de questionnement mystérieux, a été présenté sous les voûtes sculptées du château de Chambord du 15 mai au 18 septembre 2011.

Sa peinture, traversée par de nombreuses influences (on pense au colorfield painting de Rothko ou Barnett Newman, au pop art de Warhol mais aussi aux figures hiératiques et graves de Piero della Francesca), a particulièrement fait sens à Chambord et a pleinement dialogué avec l’esprit du lieu.

Exposer Djamel Tatah à Chambord fut à la fois une chance et une évidence.

Une chance, car l’artiste appartient à cette génération de peintres français qui a su discrètement imposer, au fil des ans et des expositions, une manière nouvelle, profondément personnelle, d’interroger la peinture dans son historicité. Né en 1959 à Saint-Chamond (Loire), Djamel Tatah s’est formé aux Beaux-Arts de Saint-Etienne ; dès ses premières expositions personnelles à la fin des années 80, il est repéré et remporte coup sur coup en 1992 le prix Gras Savoye / Ecole Nationale supérieure des Beaux-Arts de Paris et le prix du Salon de Montrouge. Les expositions vont alors s’enchaîner et l’artiste rejoint la prestigieuse galerie Durand-Dessert en 1999, puis Kamel Mennour en 2006  l’année où il participe à La Force de l’Art au Grand Palais. Dans ces années 2000, le peintre exposera ses grandes figures muettes parmi d’autres acteurs majeurs de l’art contemporain pour les Airs de Paris du Centre Pompidou ou à la Villa Médicis, mais également dans des expositions personnelles qui le feront de plus en plus reconnaître d’un public élargi, que ce soit à la Chapelle du Méjean, au musée des Beaux-Arts de Nantes, au MAMAC de Nice ou au Centre d’art contemporain Le Creux de l’Enfer, à Thiers.

Et ce sont précisément les caractéristiques singulières de cette œuvre qui ont rendu évidente sa présentation à Chambord, attestant notre volonté de proposer une programmation contemporaine en lien étroit avec son lieu d’élection. Certes, le rapport qu’entretiennent ses toiles et un tel lieu d’exposition n’était nullement descriptif ; la connivence s’est établie à un niveau plus profond, où les éléments essentiels du travail de Tatah croisent l’esprit de Chambord.

C’est tout d’abord la technique utilisée par le peintre qui relie passé et présent : Djamel Tatah construit en effet ses tableaux en prenant d’abord des photographies de ses modèles, qui sont ensuite scannées puis projetées sur la toile ; le peintre dessine alors les contours en les stylisant, pour peindre au final en utilisant non seulement l’huile, mais également la cire, technique directement héritée de l’Egypte du Fayoum. Nous sommes donc confrontés, par la technique même de l’artiste, à une œuvre conjuguant procédés contemporains (photographie, scanner) et ancestraux (cire).

Le lien à la Renaissance est quant à lui sensible dans les figures représentées : à la manière des artistes renaissants, Djamel Tatah reproduit en effet inlassablement sur la toile les visages de ses proches, famille et amis, ou le sien propre ; l’artiste se défend néanmoins de pratiquer l’art du portrait, conférant à ses figures une forme d’universalité qui les éloigne de la singularité intrinsèque à l’art du portrait.

Tout ceci crée une atmosphère étonnante, qui a intensément résonné à Chambord : ces toiles, toutes de silence et de mystère, ont trouvé sous les voûtes à caisson du second étage du château comme un écrin naturel, et presque solennel, propre à faire signe vers un au-delà d’elles-mêmes. A première vue, ces toiles sont figuratives ; à y regarder à deux fois, elles font signe vers une métaphysique silencieuse, et sans dogme.

A l’instar de Chambord, longtemps présenté comme la folie d’un roi chasseur, qu’on considère aujourd’hui comme un monument mystique, dont le modèle à la fois théorique et iconographique serait à chercher du côté de la Jérusalem céleste…

Exposer Djamel Tatah à Chambord, c’était inviter le public à l’évidence d’une rencontre entre l’identité d’un peintre et l’esprit des lieux mais aussi donner à voir le rapport intime et mystérieux d’une étroite connivence entre un certain art contemporain et la sculpture monumentale qu’est aussi ce château d’exception.

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