Monuments II (2019)
Photo © Vincent Royer / OpenUp Studio, Centre culturel canadien
Installation composée d’une sculpture (bois, corde, métal) et de onze photographies (impressions numériques au jet d’encre sur canevas) de dimensions variées.
L’exposition s’articule principalement autour de Monuments II (2019) qui aborde la question de la protection de l’art face à des événements traumatiques, rendant hommage aux efforts de sauvegarde réalisés par des hommes et des femmes, employés d’institutions ou simples citoyens. Cette installation réunit une série de onze photographies d’archive retravaillées par l’artiste, autour d’une sculpture monumentale prenant la forme d’une caisse de transport d’œuvre qui fait écho à celles que le château a abritées entre 1939 et 1945 lorsqu’il était un important dépôt d’œuvres des Musées nationaux. Il s’agit de la réplique à l’échelle (H. 4,26m x L. 7,01m x l. 0,81m) de l’énorme caisse en bois entourée de cordes utilisée pour transporter L’Assomption de Titien de l’Académie de Venise vers différentes caches afin de la préserver de la destruction pendant la Grande Guerre.
Les onze photographies de différentes dimensions, toutes des tirages noir et blanc en négatif d’images d’époque, montrent comment plusieurs œuvres du Louvre ont dû être évacuées pendant la Seconde Guerre mondiale. Le visiteur se retrouve témoin et acteur « d’un curieux théâtre de guerre, celui d’hommes et de femmes dévoués dont les gestes manifestent respect et déférence envers ces œuvres qu’il faut rapidement mettre à l’abri : ici, Le Radeau de la Méduse aux portes du Louvre, prêt à partir dans un camion prêté par la Comédie-Française pour répondre le mieux possible à sa taille extrême ; ailleurs, de nombreux tableaux préparés au départ en toute hâte, en particulier La Joconde […] ; aussi, La Victoire de Samothrace et La Vénus de Milo, descendues avec le plus grand soin de leur socle à l’aide de palans et de cordages. Sur les routes de France elles sont déplacées, comme des milliers de personnes en retraite, de refuges en abris successifs devant l’avancée de l’ennemi. »
(Louise Déry, « Le Temps des monuments », extrait du catalogue)
Aether (2019)
Impression numérique au jet d’encre sur composite aluminium
Aether est un collage de 400 images trouvées sur Internet qui « nous piège à contempler des ciels dont la beauté est une réponse cruelle aux images de Dérive. La coprésence de ces deux œuvres [dans la même pièce] nous invite à associer presque une à une leurs images, comme pour faire coller un bas avec un haut. » (Catherine Bédard, « Les œuvres à joints vifs de Dominique Blain », extrait du catalogue)
Aether (détail) – ©Dominique Blain
Dérive (2019) Photo © Vincent Royer / OpenUp Studio, Centre culturel canadien
Dérive (2019)
Installation vidéo sans son, 5 écrans, 3 min en boucle
Ce polyptique vidéographique, composé de centaines d’images, se présente à première vue comme abstrait. « Des dizaines
de rectangles irréguliers formant un superbe camaïeu de gris-brun se soulèvent ici et là telles des voiles agitées par une brise.
[…] Dominique Blain élabore ici une œuvre particulièrement troublante où le désir de voir est récompensé par l’embarras
d’avoir vu. Car le spectateur curieux qui aura voulu savoir ce que cache cette imbrication, attiré par l’effet de surprise suscité
par le mouvement des feuilles soulevées au gré d’un souffle qui n’a rien de marin, découvre des migrants en pleine mer. »
(Catherine Bédard, « Les œuvres à joints vifs de Dominique Blain », extrait du catalogue)
Bamiyan, 2013 ©Dominique Blain
Bamiyan (2013)
Impression numérique au jet d’encre sur papier
Cette photographie représente la niche d’un des deux bouddhas monumentaux de Bamiyan (Afghanistan), taillés dans la roche aux VIe et VIIe siècles, que les talibans ont entièrement détruits en 2001 avec de nombreuses œuvres des musées afghans. La statue irano-bouddhique est remplacée ici par une femme voilée dont le regard est emprisonné derrière sa burqa.
« [Bamiyan] vient déplacer notre propre regard, du bouddhisme vers l’islamisme, nous précipitant des hauteurs de la plus grande spiritualité dans les profondeurs les plus noires de la tragédie humaine qui se joue dans certaines contrées du monde. »
(Gérard Wajcman, « Dominique Blain, L’éveillée », extrait du catalogue)
Photo © Vincent Royer / OpenUp Studio, Centre culturel canadien © Dominique Blain
Mirabilia II (2015-2019)
Sculpture composée de plaques de verre découpé, lampes LED, aluminium, bois
Cette sculpture évoque le sort des œuvres victimes du pillage ou de la destruction. Des plaques de verre de différentes épaisseurs montrent en leur centre la silhouette découpée de six objets d’art dont certains ont disparu à jamais. En les ramenant dans la lumière, ces œuvres qui reprennent vie réaffirment le rôle historique qu’elles portent en elles et témoignent à la fois de la grandeur et de la fragilité des civilisations.
Bouddhas de la collection du Musée de Kaboul, 2013-2019 © Dominique Blain
Bouddhas de la collection du Musée de Kaboul (2013-2019)
Vidéo sur écran, sans son, 45s en boucle
Trois têtes de Bouddha, qui faisaient partie de la collection du Musée de Kaboul, ont disparu lors des divers pillages commis par les talibans, sans que l’on connaisse le sort qui leur a été réservé. Pris dans les années 70, les clichés des trois œuvres interpellent le visiteur, formant une image statique d’une sculpture en pierre animé d’un regard aux aguets, surveillant l’espace environnant.
Vénus de Milo, 1939 (à Laure Albin Guillot), 2019 © Dominique Blain
Vénus de Milo 1939 (à Laure Albin-Guillot) (2019)
Impression numérique au jet d’encre sur papier
Une photographie du socle vide de la Vénus de Milo, réalisée au Louvre par Laure Albin-Guillot pendant la Seconde Guerre mondiale alors que l’œuvre a été évacuée, se détache sur du marbre rose. « Il attire notre attention sur l’importance du cadre de l’œuvre absente. Il augmente, grossit l’effet du dispositif d’exposition (le socle, les murs, l’arche), dont la perfection en vient ici à concurrencer la déesse de la beauté disparue. »
(Catherine Bédard, « Les œuvres à joints vifs de Dominique Blain », extrait du catalogue)
Le vestibule est du premier étage
Château de Chambord 1939-1945, no 1-3 (2021)
Le vestibule sud du rez-de-chaussée
Château de Chambord 1940 (2021)
Impressions numériques au jet d’encre sur toile
À Chambord, Dominique Blain présente quatre œuvres créées à partir de photographies prises dans le château pendant la Seconde Guerre mondiale, lorsque le monument abritait des centaines de caisses contenant des objets d’art provenant principalement des musées parisiens. Provenant du fonds Dreux, ces clichés – dont l’artiste a réinventé ici les négatifs – montrent l’amoncellement de caisses en bois et de grands rouleaux de tapisserie entreposés au rez-de-chaussée et au premier étage dans les immenses vestibules qui entourent l’escalier à doubles révolutions, faisant écho à la nouvelle exposition permanente qui présente cette période sombre.