#retoursurimage (18) Lionel Sabatté, Pollens clandestins

Dès sa construction, Chambord incarne une véritable utopie : celle d’une œuvre d’art géniale qui n’a pas fini de révéler tous ses secrets.

Le domaine se fait, depuis 2011, laboratoire pour la création en accueillant des artistes et écrivains en résidence. Le château et le domaine sont alors vivifiés par des expositions inédites. L’esprit des lieux nourrit l’inspiration et imprègne les œuvres, proposant un dialogue cohérent entre l’art et le monument. La dynamique d’inclusion de l’art contemporain et les projets d’éducation artistique et culturelle proposés grâce aux résidences et expositions sont pleinement inscrits dans un programme culturel de long terme.

Ces initiatives permettent d’une part de porter un nouveau regard sur Chambord et ses espaces, d’autre part de contribuer à la transmission culturelle en territoire rural. Le rapport intime de Lionel Sabatté avec la nature, l’animal et la renaissance rendait la présence de l’artiste évidente au sein du Domaine national de Chambord, avec son parc de 5 540 hectares, clos d’un mur de 32 kilomètres de long, abritant une faune et une flore foisonnantes.

Après le musée de la Chasse et de la Nature, la Maison rouge, le Museum d’Histoire naturelle, l’Aquarium de Paris, le MAMC + de Saint-Étienne et des expositions en Chine et aux États-Unis, Lionel Sabatté présentait un projet d’envergure au domaine national de Chambord après trois mois de résidence.

L’artiste est représenté par la galerie Ceysson & Bénétière.

Dans les jardins Lionel Sabatté exposait un spectaculaire ensemble de     « Champs d’oiseaux » : 29 sculptures de tailles différentes installées dans les jardins à la française, face au château, dont une géante de neuf mètres, à l’aune du « mètre Chambord » qui constitue la mesure des bras de la croix grecque sur laquelle est fondé le plan du monument.

Au cœur du parc, sur la rive du magnifique étang des Bonshommes qui est accessible librement, Lionel Sabatté a réalisé au cours de sa résidence une grande chouette, La Dame du lac, observatoire zoomorphe d’où le promeneur a, encore aujourd’hui, tout loisir d’observer à l’abri le nid du balbuzard pêcheur et les grands animaux. Voici le plan vous permettant d’aller la découvrir.

Lionel Sabatté, Salamandre Nutrisco et Extinguo du 03-01-2023, 2023 – Oxydation sur papier Arches, 60 x 80 cm © Grégory Copitet

.Lionel Sabatté présentait un vaste ensemble de peintures nouvelles, parfois de grand format, dans lesquelles la liberté du geste, la gamme chromatique et la puissance évocatrice manifestent clairement une nouvelle étape dans son travail. Tissées de la matière du vivant, ses peintures mêlent fluides et réactions chimiques. Comme les peintures, les portraits de végétaux de la forêt de Chambord qu’il avait pris lui-même durant la phase de préparation du projet, sont travaillés avec la poussière du château.  

Par ailleurs, les visiteurs familiers des œuvres de Lionel Sabatté pouvaient retrouver ses « portraits de poussières », des visages composés également à partir de la poussière récoltée au château. Il en proposait justement à Chambord une présentation monumentale, rassemblant 100 portraits sur une grande cimaise dans l’un des bras de croix entourant l’escalier à double révolution, inspiré par Léonard de Vinci. Dans le bras opposé, cinq loups de poussière, qui avaient fait sensation dans la galerie de l’Évolution en 2011, habitaient ce lieu que fréquentaient encore leurs modèles vivants à la Révolution !

L’artiste exposait également de nouveaux dessins oxydés, présentant un bestiaire complété par des sculptures, celles des loups, déjà évoquées, mais également des abeilles.

Commissariat de l’exposition : Yannick Mercoyrol

Lionel Sabatté, Chevauchée, chrysalide, 2022 – Huile, fragments de soie, poussières du Château de Chambord sur toile, 180 x 195 cm © Gregory Copitet

L’exposition s’accompagnait d’un catalogue (Clélia Zernik, Jean-Louis Giovannoni, Baptiste Brun, Henri-François Debailleux, et Yannick Mercoyrol). Éditeur : Fabelio / Ceysson Éditions d’Art