#retoursurimage (3) Exposition Georges Rousse

(du 11 mars au 20 mai 2012)

« L’architecture est la condition première et préalable à mon travail. Sans elle et sans cette mémoire ultime de l’architecture que je souhaite conserver, mon œuvre n’existerait pas ».

 Georges Rousse

Acteur majeur de la scène artistique depuis plus de 30 ans, Georges Rousse  a relevé le défi d’une architecture classée et prestigieuse, lors d’une résidence de trois mois en 2011. Du 11 mars au 20 mai 2012 l’exposition de sortie de résidence présentait pour la première fois dans la carrière de l’artiste les différentes étapes du travail d’élaboration des trois œuvres qu’il a réalisées : dessins préparatoires / installations dans trois lieux différents – chacun investi à une saison différente (le comble Dieudonné en janvier, le rez-de-terrasse Dieudonné en juillet et le comble Henri V pendant l’hiver) photographies. Le spectateur a pu ainsi pendant deux mois saisir l’étroitesse du rapport qu’entretient un artiste d’aujourd’hui avec un des hauts lieux du patrimoine français.

En créant une résidence d’artiste dans ses murs en 2011, le Domaine national de Chambord entendait initier une politique culturelle ambitieuse offrant la possibilité d’un véritable séjour de création à des artistes issus de champs disciplinaires différents, une rencontre fructueuse entre une sensibilité artistique singulière et un lieu d’une force exceptionnelle.

Au cours des dix dernières années, Chambord a ainsi reçu plus d’une trentaine d’artistes en résidence.

Dans ce contexte, l’idée d’inviter un photographe est vite apparue comme naturelle et le choix de Chambord s’est porté sur un artiste qui propose une vision décalée, personnelle, et finalement plus profonde et juste dans sa relation à l’architecture. Le nom de Georges Rousse s’est alors imposé comme une évidence. Grand artiste, infatigable travailleur et arpenteur, il poursuit depuis quarante ans une réflexion sur l’espace et la lumière en s’appropriant, de manière éphémère,  des sites architecturaux d’exception, délaissés ou sur le point de l’être. Il choisit un lieu et, une fois le point de vue déterminé, en peint murs, sols, plafonds de façon à créer l’illusion que des volumes géométriques simples et monumentaux occupent toute la pièce : cercles, carrés, cylindres, damiers, parfois des lettres, des mots, des cartes, etc. dessinés à l’aide de craies, de peinture, de découpes dans les murs et les planchers ou de structures additionnelles autonomes. Son travail constitue ainsi une intervention sur l’espace, jamais sur la photographie elle-même.

Georges Rousse inscrit ainsi sa trace à travers le point de vue unique du photographe ; il réécrit l’espace comme un architecte, intervient comme un peintre et/ou un sculpteur. Cette œuvre forte et singulière, s’est immédiatement imposée dans le paysage de l’art contemporain, suscitant la création du concept de « photographie plasticienne » puisque seule demeure la série d’épreuves photographiques qui permet de garder la mémoire de la structure.

Chambord est un lieu à part dans le travail  de l’artiste,  intervenant plus volontiers dans des espaces en friche, voués à la destruction. Pas question ici de peindre directement à même murs ou plafonds, de tomber une cloison ou d’abattre une porte pour dégager une perspective ! Georges Rousse a ainsi adapté son travail en ayant recours à des structures en bois autoportées et, bien sûr, à une protection des surfaces préalables à l’application de la peinture. Le résultat de ses interventions instaure un dialogue particulièrement étroit avec l’espace mis à sa disposition : il révèle ainsi l’architecture à elle-même, lui confère une respiration inédite, une profondeur à la fois physique et mentale qui aide le spectateur à entrer plus étroitement en intelligence avec le travail des bâtisseurs du XVIème siècle. Comment pourrait-il d’ailleurs en être autrement avec une œuvre dont le fondement est la perspective, et plus précisément l’anamorphose, données contemporaines de la construction de Chambord ? Les interventions de Rousse furent ainsi, étrangement, contemporaines de Chambord.

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