Kim En Joong à Chambord : Couleurs de l’invisible

Exposition du 29 mars au 31 août 2025

À partir du 29 mars, Chambord présentera pour la première fois dans ses murs le travail d’un vitrailliste, et sans doute le plus important des artistes qui perpétuent aujourd’hui, dans le monde, cet art multiséculaire qui fut longtemps l’un des plus éminents dans l’Europe chrétienne. Certains des plus beaux vitraux du père Kim, présentés au second étage du château, entreront en étroite résonance avec la dimension proprement religieuse du monument dont la fleur de lys trinitaire coiffe la tour lanterne, signifiant symboliquement le dialogue entre le monarque et Dieu.

Si le plan même de Chambord, fondé sur la croix grecque, manifeste un transfert de sacralité, la présence du travail de Kim En Joong rendra immédiatement visible cette dimension, qui constitue un aspect essentiel de l’esprit d’un monument dont l’architecture garantit, dans sa conception, la circulation de la lumière. Par ailleurs, un espace sera également réservé à la présentation de céramiques et de toiles de l’artiste dont la formation initiale croise calligraphie et peinture. Une manière pour le public qui découvrira son œuvre de comprendre comment le geste du pinceau nourrit l’art du vitrail. Au total une quarantaine d’œuvres réalisées par le père Kim dans des ateliers spécialisés de France et d’Allemagne (Ateliers Loire [Eure-et-Loir], Peters et Derix) seront présentées pendant cinq mois sur près de 850 m².

Une exposition qui n’aurait pu voir le jour sans l’étroite collaboration du Domaine national de Chambord avec le Centre international du vitrail de Chartres qui a mis le travail de Kim En Joong à l’honneur jusqu’en septembre 2024 dans l’imposant cellier de l’ancienne Grange aux dîmes qui accueille les expositions  temporaires.

Scénographie : agence Nathalie Crinière

La résidence

Lors de sa résidence en février-mars, le père Kim a produit trois œuvres, dédiées à Saint-Louis, faisant ainsi écho au vocable sous lequel l’église de Chambord est placée (huile et acrylique de 2,16 x 7 m). L’une de ces trois toiles a été choisie pour figurer en majesté dans l’exposition.

Biographie

Kim En Joong est né en 1940 en Corée. À l’école des Beaux-Arts de Séoul, il est séduit par l’art occidental. En 1969, il s’installe en Suisse et trouve dans la spiritualité des moines dominicains la vocation qu’il cherchait. Il intègre l’Ordre en 1974. En France, il découvre la lumière de la Provence et de la Bretagne. Ses premiers vitraux pour la nouvelle cathédrale d’Évry, en 1998, révèlent son talent de peintre de la lumière dans l’architecture.

Il a depuis bâti une œuvre considérable parmi les plus importante du XXIe siècle en France et dans le monde : cathédrale de Vaison-la-Romaine, cathédrale de N’Djaména, basilique de Bruxelles, églises, chapelles et monastères en France, Corée, Italie, Australie et Allemagne. L’artiste a profondément renouvelé l’art du vitrail  et ouvert des voies inédites à l’art sacré contemporain.

Ses liens d’amitié avec les personnalités du siècle, laïques et religieuses, les écrivains comme Julien Green puis François Cheng, ont nourri d’une manière inédite un art de peindre avec la lumière, fruit d’une  méditation personnelle et reflet d’une réalité naturelle. En août 2010, le ministre de la Culture Frédéric Mitterrand lui remet les insignes d’Officier de l’ordre des Arts et Lettres pour la réalisation des 37 vitraux de la basilique Saint-Julien de Brioude. L’utilisation de grandes plaques de verre flotté, taillées aux dimensions des ouvertures, a libéré la puissance  de son geste, non plus entravé par les interruptions des baguettes de plomb qui constituent la trame du  vitrail traditionnel. Pratiquant, comme dans ses peintures, une occupation de l’espace très différenciée en concentrant les taches de couleurs à certains endroits, il préserve de larges plages vierges, blanches sur la toile, transparentes dans le vitrail. La luminosité en est accrue par un contraste plus soutenu et aussi par cette capacité du verre à libérer davantage de clarté que n’importe quel autre matériau. L’art du père Kim ne cherche pas à représenter quoi que ce soit, sinon la vie dans sa puissance de  régénération absolue. Il dit « peindre la réalité », celle d’une vie que la foi intimement unie à l’art nous donne à entrevoir.

Trésor insoupçonné
Une œuvre de l’atelier de Botticelli à Chambord