Écrivains à Chambord : cycle de lectures 2025

En 2025, six rendez-vous littéraires sont programmés le dimanche à 15h :

* 2 février : Sylvain Prudhomme, accompagné de Marion Bortoluzzi
* 2 mars : Abdellah Taïa
* 6 avril : Alice Ferney
* 7 septembre : Lola Lafon
* 5 octobre : Bruno David
* 2 novembre : programmation en cours

Alice Ferney - 6 avril

Alice Ferney est l’autrice de treize romans, tous publiés aux éditions Actes Sud, récompensés par divers prix et traduits dans une dizaine de langues. L’élégance des veuves et très récemment L’intimité ont été adaptés au cinéma (ce dernier par Carine Tardieu sous le titre L’Attachement).

L’écrivaine interroge avec acuité notre époque, les traces laissées par l’Histoire et mène une réflexion pointue et actuelle sur notre société et ses changements. La précision et la fluidité narrative caractérisent son œuvre qui aborde les thèmes de la féminité, la maternité, la vie conjugale, le sentiment amoureux, les relations humaines et leurs fragilités mais aussi la guerre et l’engagement.

Alice Ferney, en grande observatrice de notre condition humaine, puise dans nos comportements, nos modes de vie, nos choix, nos contradictions pour déployer des histoires et saisir des personnages dans ce qu’ils ou elles ont de plus enfoui. Elle nous livre leurs questionnements intimes qui sont aussi collectifs. Très souvent, ses romans sont polyphoniques, l’écrivaine alternant ainsi les points de vue pour dépasser l’individuel et déplier toute une complexité. Elle nous emporte au plus près des émotions de ses personnages et de leur voix intérieure, avec une tension et une minutie remarquables.

Deux innocents, son dernier roman (mars 2023, prix Europe 1 – GMF), est inspiré d’une histoire vraie. Claire enseigne dans un établissement qui accueille des jeunes en difficulté. Elle accomplit son métier avec cœur et avec foi, ce qui lui vaut d’être très appréciée des parents et des enfants. L’arrivée d’un nouvel adolescent, Gabriel, renfermé et triste, va bouleverser sa vie. Claire, par sa tendresse et sa patience, va le faire éclore. Mais, à partir d’un soupçon, elle est prise dans un engrenage irrémédiable. L’autrice décrit cette chaine de conséquences ravageuses, elle explore avec finesse les rouages de la suspicion et questionne la frontière entre innocence et culpabilité. Une même histoire peut-elle générer des interprétations opposées ?

La rencontre organisée, à l’occasion de la venue d’Alice Ferney à Chambord, a porté plus largement sur son écriture et sur l’ensemble de son œuvre et était ponctuée de lectures.

En partenariat avec la librairie Lire & Écrire de Mer.

Abdellah Taïa - 2 mars

Abdellah Taïa est écrivain et cinéaste marocain d’expression française.

Il est l’auteur de plusieurs romans, publiés aux éditions du seuil, traduits dans de nombreuses langues, dont Le Jour du roi qui a reçu le prix de Flore 2010.

Le prix de la langue française lui a été remis à l’occasion de la publication de son dernier roman Le Bastion des larmes (Editions Julliard, 2024) lui-même récompensé par le Prix Décembre 2024.

L’œuvre d’Abdellah Taïa se place du côté des opprimés, des marginalisés et des pauvres. L’auteur dépeint sans concession les violences de la société marocaine, son intolérance, son hypocrisie et dénonce la terrible condition des minorités au Maroc. Les romans d’Abdellah Taïa entremêlent autobiographie et fiction, ils se composent de lettres, de dialogues, de monologues… Quelle que soit la forme, les voix poignantes des personnages, en quête de justice et de consolation, restent en nous.

À l’occasion de sa venue à Chambord, Abdellah Taïa a lu des extraits de son roman Le Bastion des larmes.

Youssef, professeur marocain exilé en France revient dans sa ville natale dix ans après le décès de sa mère. Il est rattrapé par des souvenirs traumatisants. Les lois qui l’ont oppressé demeurent. Au Maroc, l’homosexualité est un crime, passible de prison. Youssef retrouve ses sœurs qui ne l’ont pas reconnu dans sa différence et qui n’ont pas su le protéger des violences subies enfant. Youssef est hanté par ce paradoxe : son attachement à ses sœurs et sa colère envers elles. Pourquoi ont-elles adopté le langage du pouvoir ? Pourquoi n’ont-elles pas empêché le saccage de son enfance ? La confrontation est inévitable. L’auteur interroge les notions de vengeance et de pardon dans un style vif et implacable.

Le retour de Youssef s’accompagne d’un dialogue avec un amant qui apparaît dans son sommeil. L’écriture d’Abdellah Taïa n’est pas rationnelle. Les rêves s’interpénètrent, les voix s’entremêlent, vivants et morts se répondent.

Au milieu de la brutalité, l’expression d’Abdellah Taïa est pleine de souffle, elle est un cri qui glorifie la liberté et l’amour.

Sylvain Prudhomme, accompagné de Marion Bortoluzzi - 2 février

Sylvain Prudhomme est nouvelliste, romancier et auteur de reportages. Son œuvre est récompensée par divers prix, dont le Femina pour son roman Par les routes (Gallimard, 2019). Il y raconte la force de l’amitié, du désir, l’aspiration à la liberté et la beauté de l’existence.

La quête de vérité, l’ode à l’altérité et à la rencontre imprègnent l’œuvre de Sylvain Prudhomme, y compris dans son dernier livre, Coyote (Éditions de Minuit, 2024). Muni de son carnet et de son appareil photo, l’auteur parcourt la frontière mexicaine des États-Unis en autostop. Il saisit l’élan du voyage, capture des portraits et des bribes de vies avec cœur et sincérité.

À l’occasion de sa venue à Chambord, l’écrivain a présenté une lecture musicale de son roman L’enfant dans le taxi (Éditions de Minuit, 2023). Pour ce beau projet qui a rassemblé plus d’une centaine de personnes, il était accompagné par Marion Bortoluzzi, voix et violoncelle, qui a interprété des chansons de Barbara, Marlène Dietrich ou encore Marguerite Duras. Il s’agit de son roman le plus personnel dans lequel Simon, le personnage central, découvre le jour de l’enterrement de son grand-père l’existence de M., fils caché de l’aïeul. Ce secret obsède Simon qui veut mettre la lumière sur cette histoire familiale et libérer la parole. L’auteur déplie toute la complexité d’une vie, celle de M. mais aussi celle de Simon qui, à travers sa quête, cherche des réponses à sa propre existence. Il mène une réflexion sensible et poétique sur le temps, sur l’amour, sur le couple, sur le désir, et tente de se réinscrire dans cette histoire familiale.

La prose somptueuse du romancier explore les creux, les silences, les vertiges, les solitudes et s’approche délicatement de la vérité de nos vies. L’écriture déliée éclaire, avec grâce, les silences du passé. La littérature est le lieu de la vérité, des résonnances, l’espace où Simon peut s’approcher le plus possible de M. et tenter de le comprendre. « Ce livre est comme un livre vers lui ». Ce roman est un émouvant voyage dans l’intime. L’impression douce qu’il nous est contée au creux de l’oreille…

Informations
Conseils de visite pendant le week-end prolongé du 1er mai