Dossier Pédagogique : Chambord un film de Laurent Charbonnier

Ce dossier pédagogique, rédigé par Christophe Fouré, est conçu pour les enseignant(e)s d’Histoire de classes de 5e en relation directe avec la séquence pédagogique consacrée aux bouleversements culturels et intellectuels (XVe - XVIIe siècle). Par ailleurs, ces textes peuvent s’adresser aux professeurs des écoles du début de cycle 3 en particulier pour les activités architecture et nature des classes CM.

Ce film allie la nature et l’histoire. En effet, François 1er imagina l’aménagement des marais de Chambord pour en faire un territoire de chasse bien à l’écart. Il conçut donc d’abord le parc, de la taille de Paris aujourd’hui, fermé et peuplé d’animaux en tout genre : cerfs, chevreuils, sangliers bien sûr mais aussi lièvres, mouflons, oiseaux et rongeurs. « Chambord » va donc raconter l’histoire du point de vue des animaux, il est donc à 70% un film animalier.

Laurent Charbonnier est en effet un cinéaste animalier (« Les Animaux amoureux ») et chef opérateur de Jacques Perrin sur l’ensemble de ses films ainsi que des séquences animalières de « L’École buissonnière », « Les Enfants du marais », « Loup » (MC4) et « Le Dernier Trappeur » (MC4). Il va traiter Chambord à la « Perrin » sous l’angle nature. Laurent habite à 5km du Château de Chambord. Il connait donc les lieux et ce depuis 40 ans. Pour les 500 ans du château et du parc il a eu cœur de faire partager son enthousiasme pour ces lieux mythiques en y consacrant un film avec son point de vue animalier et un contrepoint historique. Ce contrepoint sera traité en animation avec un studio français sur une quinzaine de minutes. Il va nous raconter la permanence de la nature à travers les saisons et les siècles opposée à l’impermanence de l’histoire, le château et son parc ayant été à plusieurs reprises délaissés, pillés puis réhabilités.

Paradoxalement, Chambord est le dernier château médiéval. En effet, de par sa période de conception, l’influence de l’architecture nouvelle n’est pas encore complète. De plus, les rêves de François Ier sont nourris de récits
chevaleresques dont toute la noblesse de son temps se délecte. Le roi va d’ailleurs maintenir la mode de cette littérature tout au long de son règne en faisant rééditer toute une littérature d’origine médiévale. Ainsi, Chambord
s’inspire de châteaux médiévaux : le donjon cantonné de quatre tours avec leur coursière en encorbellement et leur chemin de ronde rappelle les forteresses médiévales. Comme celui de Vincennes, le donjon de Chambord prend
place au cœur d’un plan médiéval typique, avec une enceinte, des tours d’angles et des douves en eaux. Par ailleurs, l’ornementation des parties hautes, hérissées de cheminées et de tourelles d’escalier, l’allure gothique des
toitures en poivrière évoquent le palais merveilleux d’un roman courtois dont le roi serait le héros. De même, le château forteresse est le meilleur moyen de manifester physiquement le pouvoir, alors que les techniques militaires
nouvelles et la paix s’installant au sortir de la Guerre de Cent Ans, rendent les ouvrages défensifs obsolètes.

La persistance d’éléments architecturaux médiévaux à Chambord n’est pourtant pas à considérer comme le résultat d’une lente évolution des habitudes des constructeurs. Au contraire, le donjon du château de Chambord, ses tours d’angles, son enceinte et ses douves en eaux évoquent une puissance militaire toute allégorique, à défaut d’être réelle. Plus de trente ans après la fin de la construction des derniers châteaux forts, ces éléments constituent de véritables citations architecturales d’un autre temps. Ils évoquent alors, aux yeux des contemporains de François Ier, le monde périclitant de la chevalerie, dont le jeune souverain, dernier roi-chevalier, garde une profonde nostalgie.

Forteresse médiévale symbolique, Chambord est également, bien évidemment, un palais de la Renaissance. Des tours énormes le cantonnent mais de larges fenêtres s’ouvrent partout dans ses murs. La rigueur géométrique de son plan contraste avec la folle exubérance de ses parties hautes. Il est ainsi gothique et moderne, le plus italien et le plus français des châteaux renaissance. Si on observe attentivement les superstructures du bâtiment, on ne voit que coupoles, frontons, pilastres, candélabres, rinceaux et autres ornements inspirés par les décors Renaissance de l’Italie du Nord, celui de la chartreuse de Pavie en particulier, dont les marqueteries de marbre ont été réinterprétées dans des incrustations d’ardoise.

Mais ce n’est pas seulement le vocabulaire architectural qui se transforme. Chambord n’est pas un décor italien plaqué sur un château français : la mutation est plus profonde. En effet, le plan de Chambord correspond
aux exigences des architectes d’avant-garde de la fin du Quattrocento : da Sangallo, Bramante ou de Vinci. Le donjon adopte la même disposition que celle utilisée par Bramante à St-Pierre qu’on appelle techniquement
un plan centré modulaire à croix inscrite, au centre duquel se trouve l’escalier, qui détermine la taille du monument. Ce dernier s’inscrit dans un carré de neuf mètres de côté, appelé « module ». Ce référent, multiplié ou divisé,
permet de calculer les proportions de tous les éléments architecturaux du château (les pièces, les tours, les galeries ou les logis). Le donjon s’inscrit ainsi à l’intérieur d’un carré de 45m de côté, divisible en cinq modules de 9m
de côté. Le rayon des tours d’angle est aussi de 9m. Cette recherche de symétrie et de régularité correspond ainsi à la remise au goût du jour des principes de Vitruve.

Enfin, à l’image des monuments de l’ Antiquité romaine, comme le Colisée, ou des édifices italiens du Quattrocento (le XVe siècle italien), les façades du château offrent une grande lisibilité du plan depuis l’extérieur. Les niveaux
habitables sont visuellement séparés par un bandeau mouluré courant à l’horizontale sur toute la largeur de la façade. Dans le sens vertical, le rythme est donné par des piliers aplatis, ou pilastres, sur lesquels les bandeaux
semblent reposer. La disposition de ces éléments forme un quadrillage à l’italienne, immuable et régulier. C’est dans cette trame que viennent s’enchâsser les différents types d’ouvertures, qui donnent à la façade son aspect
modulaire. Si ces préoccupations formelles se manifestent déjà à Chenonceau ou à Blois, la géométrie du plan de Chambord est unique, car elle n’a pas été contrainte par des accidents de terrain ou des constructions antérieures.

Activité en classe

Quels éléments se rapportent a un château médiéval ? Un château Renaissance ?

Pour les CM1, remplir les cases, avec deux couleurs : une pour les éléments médiévaux, une pour les éléments Renaissance. Trouve-t-on les éléments suivants à Chambord ? Des meurtrières, un pont-levis, des cheminées, des mâchicoulis, un donjon, des toits en poivrière, des créneaux, une cour. Suite à ces observations, penses-tu que le château de Chambord avait un rôle de défense ?

Pour les 5e, relier les termes aux éléments (avec les deux couleurs également) : Donjon, enceinte, tours d’angle, douves, fenêtres à meneaux, loggias, pilastres.

Sur les traces des animaux

Niveau : du CP jusqu’à la 6e
Saison : toute l’année
Matériel nécessaire : bottes

Déroulement
Glissés dans la peau de détectives, les élèves enquêtent afin d’identifier les habitants des bois en relevant tous les indices que ceux-ci ont laissés derrière eux : restes de repas, crottes, nids, empreintes… La forêt devient une scène à examiner au peigne fin.

Modalité de réservation

Contacter la cellule réservation au 02 54 50 50 40 ou par mail : reservations@chambord.org

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