Jardin ancien chinois, fin de la dynastie Ming (1368-1644), province du Anhui.

Dans le cadre des 500ans du Château de Chambord,
Exposition du 15 novembre 2018 au 2 juin 2019,
Réalisée avec le soutien de Luohan Tang Hong Kong et China Guardian Auction House
Le jardin est destiné à retrouver le sol chinois après cette exposition.

C’est un hommage de la Chine à Chambord que cette restitution unique d’un jardin chinois, contemporain de la construction du château. A cette époque, de nouveaux contacts avec l’Extrême-Orient sont établis par nos explorateurs. L’incongruité apparente de cette installation trouve un écho dans la curiosité qui stimule l’esprit de la Renaissance et les nouveaux développements de l’art, en particulier l’art grotesque, très présent à Chambord.

Depuis l’aube de la civilisation chinoise, l’art des jardins chinois, comme l’art grotesque, sollicite les capacités au rêve du contemplateur, en exploitant les énergies primordiales de la nature. En particulier, des rochers extraordinaires et leur composition donnent leur singularité à ces jardins. Dans les immenses parcs impériaux, symboles de leur pouvoir, les empereurs construisent des îles fantastiques, espérant attirer les immortels et découvrir leur secret. Depuis le troisième siècle, les lettrés-mandarins astreints à une vie administrative et urbaine, installent dans leur résidence une réduction de paysages célèbres ou rêvés, autorisant un voyage immobile par la méditation. Un art classique des jardins en Chine se développe alors sur de nouveaux principes. La résidence est isolée du tohu-bohu de la ville par une enceinte hermétique.  Seuls quelques horizons remarquables s’infiltrent au-dessus. À l’intérieur, de nombreux murs démultiplient l’espace, dédoublé encore par les vues qu’offre une variété de passages et de fenêtres. Des cours vides et silencieuses, succèdent à des clos luxuriants, remplis des bruits de l’eau, du vent, des oiseaux… Le massif de rochers en est le cœur. Le rythme lent de la déambulation sur les cheminstortueux détache l’esprit et le transporte, mais l’esprit qui médite parcourt plus librement ces sentiers qui apparaissent, disparaissent et réapparaissent.

L’art des jardins atteint son apogée dans la basse vallée du Yang Tsé à la fin des Ming, à Suzhou, capitale économique et culturelle de la Chine classique. Le raffinement de la vie de ses grands lettrés diffuse dans cet art la pensée taoïste et bouddhiste, la poésie, la calligraphie et la peinture. Également dansla basse vallée du Yang Tsé, à la même époque, le Huizhou, partie la plus méridionale de l’actuel province du Anhuiconnaitun grand essor économique. Sa célèbre chaine des Huangshan, pics acérés qui souvent percent une mer de nuages spectaculaire a inspiré les artistes chinois depuis des temps immémoriaux.

Notre jardin est originaire de cette région. Initialement dans une cour fermée, sa composition héritée de la structure classique des peintures de paysage des dynasties Yuan et Ming (13ème-17ème siècle) utilise quatre types de roche. Les pierres de Taihu sont les plus spectaculaires. Elles évoquent descréatures connues, comme des chevaux, des aigles, des poissons mais aussi des chimères étranges que seul l’esprit rêveur saisit. Les pierres de Taihu sont des roches calcaires marmoréennes, issues du lit du lac Taihu baignant la bordure occidentale de la préfecture de Suzhou.

Au démontage du jardin de son emplacement d’origine, la position, l’orientation et la configuration de chaque pierre ont été consignées sur des plans informatiques pour permettre un remontage ultérieur dans le respect du dessin de son concepteur. La transposition à Chambord a répondu à cette exigence, tout en exploitant des énergies locales, une lumière, des espaces bien différents du lieu de sa création. L’impression produite par le massif s’est adaptée à ce nouveau lieu et le lieu s’est transforméen retour, allant jusqu’à établir une surprenante correspondance entre l’architecture du château et la silhouette du jardin.

Le regard du promeneur n’est plus celui, disparu, du sage lettré de l’empire chinois, mais nous l’espérons, il est aussi riche et librepourpermettre à l’esprit de s’ouvrir sur des univers multiples. Qu’il conserve intacte sa faculté d’émerveillement pour se laisser entraîner vers cette matière brute qui rapprochait les ermites oubliés de l’état du nouveau-né.

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