#retoursurimage (9) Exposition de Guillaume Bruère, François Ier illimité

Retour en images # 9 : exposition de Guillaume Bruère, François Ier illimité (du 12 avril au 30 août 2015)

A l’occasion du 500ème anniversaire de l’accession au trône de François 1er, Guillaume Bruère a présenté à Chambord en 2015 des portraits puissants et expressifs inspirés du roi chevalier, de sa cour et de certains des personnages appartenant à l’histoire du château. Dessinateur, peintre, sculpteur et performeur, Guillaume Bruère est un des artistes français les plus prometteurs de sa génération.

 

Sa pratique fait la part belle à la couleur, à l’expressivité et à la nervosité du trait. La simplicité des formes, conjuguée à une ligne énergique et libertaire, la naïveté des scènes et la transformation ironique des références sont au centre de son processus créatif.

Né à Châtellerault en 1976, Guillaume Bruère est passé très jeune par l’école des Beaux-arts de Nantes avant de partir à Berlin où il vit encore aujourd’hui. Ses premiers temps en Allemagne lui permettent de croiser plusieurs artistes importants, dont Arnulf Rainer ou Baselitz, et de former son œil dans une capitale qui compte à la fois des galeries de premier plan et des collections classiques somptueuses, qui vont nourrir son travail.

Dès ses premières expositions, Guillaume Bruère présente des peintures et des dessins (son médium d’élection) marqués par une expressivité et une énergie coloriste étonnantes : les lignes sont brisées, nerveuses, faisant la part belle à l’intuition formelle. L’expression est néanmoins conçue comme un instrument et non une fin en soi : ce qui requiert l’artiste, de la musique rap dans les oreilles, c’est le lien étroit, vital, entre l’art et l’existence dont il s’agit de capter la pulsation, l’excitation nerveuse, le rythme. Peindre, c’est prendre un risque, celui d’un Van Gogh qui demeure pour GIOM, comme il aime à se nommer lui-même, l’artiste indépassable. Un Van Gogh qu’il a beaucoup regardé, dont il s’est beaucoup inspiré, à l’image des anciens Allemands (Dürer, Altdorfer, Cranach, Holbein), Flamands (notamment Bruegel) ou des peintres français du XIXème (Delacroix, Courbet). GIOM investit en effet les salles des grands musées et travaille in situ à partir des toiles des anciens maîtres. Mais là où les peintres classiques concevaient la copie comme une étape nécessaire dans leur formation, il s’attache à réinterpréter le modèle, à en transformer l’effet, déplaçant l’énergie de la toile-source vers son propre dessin en saisissant les fondements du modèle classique, débarrassé de toute « anecdote ».

Le primat de la couleur, la pratique du collage ou de la collision d’éléments disparates (que ce soit dans le cadre du dessin ou de la toile, ou encore dans ces étranges objets / sculptures fabriqués à partir de bricolages hétéroclites), la recherche de l’expressivité de l’œuvre, tous ces éléments concourent à créer un univers singulier, attaché à une recherche du mouvement qui est aussi bien celui des toiles anciennes revisitées que celui des performances publiques lors desquelles l’artiste donne à voir, jusqu’à l’épuisement, l’énergie qui préside à son propre travail.

Dans le cadre du 500ème anniversaire de l’accession au trône de François 1er (et de la bataille de Marignan), le domaine national de Chambord a souhaité inviter Guillaume Bruère à travailler librement sur la figure du roi. Connaissant sa pratique et son goût du portrait, ainsi que sa propension à travailler par séries, nous avons proposé à l’artiste de travailler à partir de certaines images de François 1er, mais aussi de celles des résidents successifs du monument au fil de son histoire, dont certaines sont conservées au château, en laissant évidemment libre cours à son imaginaire.

Au total, c’est une centaine d’œuvres qui ont été présentées au public, dont la très grande majorité a été réalisée pour l’occasion, faisant de cette exposition la plus importante jamais consacrée à GIOM et sa première monographie en France. Le public a ainsi eu l’opportunité de mesurer l’écart fructueux entre les modèles classiques et leur traitement contemporain, aboutissant, dans le droit fil de la tradition aristocratique, à une galerie de portraits faite de joyeuse irrévérence et d’énergie rythmique. Manière de voir comment un jeune artiste de notre temps rend hommage au passé en le réinvestissant, en le revivifiant, c’est-à-dire en le rendant vivant, pour nous, aujourd’hui. 500 ans après son accession au trône de France, François 1er is back !

Et pour permettre aux visiteurs de Chambord de découvrir l’expressivité et l’énergie coloriste étonnantes de cet artiste,  une performance publique de 30 minutes a été proposée deux jours avant l’ouverture de l’exposition aux abords du château sur la palissade du chantier de l’hôtel alors en pleine transformation, le tout mené tambour-battant au rythme du rappeur Eminem.

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